du 12/09/2017 au 20/09/2017

Un autre bout de Titicaca, puis La Paz

Le 19 septembre 2017 par Coco

Une capitale surprenante, nous qui ne pensions pas y aller... pas de regret !

POUR COMMENCER : GRAND NETTOYAGE

Notre premier jour en Bolivie commence par un grand nettoyage. Les vélos sont dans un état pitoyable, pleins de boue et les patins de freins sont à rerégler… Ça occupe Lolo presque tout la matinée !
Premiers coups de pédales en Bolivie, et pas de changement flagrant avec le Pérou. On s’attendait à arriver dans un pays bien plus pauvre, mais non, les villages sont les mêmes, la route est bonne et que c’est chouette de changer de pays et de garder la même langue!

PETITE PENSÉE POUR LE MÉDECIN DES CONSEILS AUX VOYAGEURS DE L’HIA

Lors des préparatifs de notre voyage, pour être sur de ne rien oublier niveau santé, j’avais pris rendez vous à l’HIA avec le médecin spécialiste « conseils aux voyageurs ». Je lui explique le projet, mais ce cher docteur refuse de me prescrire les vaccins contre la rage : selon lui je n’ai qu’à pas me mettre en situation de me faire mordre par un chien ! J’avais déjà eu une pensée pour lui a chaque fois que l’on s’est fait croquer une sacoche (et s’est arrivé plus d’une fois), j’ai repensé à lui quand Annick la tata de Loïc nous a alerté sur un avis d’épidémie de rage autour de La Paz (relayé par France diplomatie) et depuis notre hôtel en voyant ce poster affiché dans notre chambre (promotion pour une campagne anti rabique avec vaccination gratuite des chiens), je repense encore à lui !
Heureusement je ne me suis pas fiée à son avis et j’ai repris rendez-vous au CHRU où il y a aussi une consultation de conseils aux voyageurs : nous traversons donc l’Amérique du Sud vaccinés et avec dans notre trousse à pharmacie de quoi faire fasse à une crise de paludisme si nous sommes isolés et nous vous recommandons chaudement le CHRU si vous vivez à Brest et que vous avez besoins de bons conseils pour préparer un voyage.


CUANTO CUESTA ?

On nous avait dit et on avait lu que les Péruviens avaient tendance à prendre les gringos pour des distributeurs de billets et qu’ils allaient souvent nous demander le prix de nos vélos. En trois mois passés là bas, ce ne fût que très rarement le cas. Par contre en 3 heures sur les routes en Bolivie on est vite mis dans le bain… Les gens viennent vers nous, disent éventuellement « hola » et enchaînent direct sur « cuanto cuesta tu bicicleta? » (combien coûte ton vélo?). Insupportable !

PAS FACILE DE CAMPER

Premier camping sauvage en Bolivie, juste avant la nuit nous nous arrêtons dans un petit village : il y a un terrain de foot où mettre notre tente, une vue sur le lac, ça semble pas mal. Mais ça se complique quand je vais chercher de l’eau : le village est désert, il n’y a personne, toutes les maisons sont fermées de l’extérieur. Pourtant avec la nuit qui tombe il y a des lampadaires qui s’allument. Étrange… On finit quand-même par trouver un couple de petits vieux qui parlent à peine espagnol (ici aussi les gens parlent Quechua). Ils me disent que les gens sont tous en ville et reviennent le week-end. Ils ne sont que deux ici, et ils n’ont pas d’eau à nous donner. A force d’insister, le vieux me conduit à la source. En fait c’est une mare d’eau croupie… On va faire sans. On se débrouillera donc avec le litre d’eau qui nous reste, et par chance on n’avait pas bu notre thermos préparée le matin. Un litre d’eau en plus !
Le lendemain on s’arrête à une trentaine de kilomètres de La Paz dans un village au bord de la grande route. Pas d’hospedaje, on cherche donc un endroit pour mettre notre tente. Au Pérou en 5 minutes on aurait trouvé, mais ici c’est une autre affaire. Je vois un grand panneau  » bienvenidos » sur les murs d’une église évangélique, qui a un grand terrain fermé. Je tente donc ma chance en leur disant que je cherche un endroit pour camper et que j’ai vu bienvenidos, mais visiblement on leur fait peur, ils se méfient de nous…
On retente notre chance au terrain de foot / colisée, qui est ouvert pour le moment, mais il faut l’accord de la gardienne et personne ne sait pas où elle est. On me conseille d’aller voir le gardien du collège, mais comme il ne veut pas de nous il se démène pour trouver la gardienne. Une heure plus tard on peut s’installer sur le bord du terrain… juste le temps de monter la tente et nous avons de l’animation pour la soirée : ce soir c’est match. Ça tombe bien, on adooore le foot !
Vivement les endroits propices au vrai camping sauvage!


EN BOLIVIE CA MANIFESTE

Les grandes villes à vélo c’est pas notre truc, et même si l’on va passer très très près de La Paz, on prévoit de contourner cette capitale polluée et saturée de circulation. On préfère se poser un ou deux jours à Achacachi afin de vous écrire enfin des nouvelles et de préparer la suite du parcours.
Mais quand on approche d’Achacachi, des barricades bloquent l’entrée de la ville. Les piétons et mobylettes peuvent se faufiler mais pas plus. Les gens nous disent que ce est rien, que l’on peut passer et que ce n’est pas dangereux… On y va, mais on découvre une ville morte : toutes les boutiques sont fermées, il n’y a presque personne dans les rues et aucun véhicule. Il y a dû y avoir de sacrées manifestations, car beaucoup de bâtiments ont des fenêtres aux carreaux brisés. Et pour nous, dur dur de savoir ce qui se passe, les gens ne répondent pas à nos questions. On finit par apprendre que les gens protestent contre le gouvernement et que c’est comme cela depuis 2 mois. On nous indique le seul resto où l’on peut manger, et on ne s’attarde pas plus ici.
Mais cela change nos plans, on va devoir aller à La Paz. On n’a pas trouvé de distributeur de billets, et il nous faut des sous !
Le lendemain, à 25 kilomètres de La Paz, de nouveau route barrée. On s’y engage pensant à des travaux, car à vélo ça passe toujours, mais c’est non, c’est à nouveau des manifestants ! Ils sont des centaines, hommes femmes et enfants et ils bloquent la route. Ils ont installé des tentes, fait des feux, c’est un immense squat sur l’autoroute qui oblige les véhicules à faire un gros détour par une piste de terre. On n’est pas très fiers, mais on s’engage parmi la foule. Grâce à nos vélos rigolos l’accueil est sympa et bienveillant, mais je suis bien contente de sortir de là.

DIRECTION LA PAZ

Une fois passé le barrage, nous pédalons dans une immense zone urbaine, San Roque. Il y a de la circulation, c’est sale, les bâtiments sont commencés mais pas terminés, et pour couronner le tout c’est en travaux (a priori depuis des années déjà)… Bref pas une partie de plaisir. Mais ça ne dure pas trop longtemps et on arrive à El Alto.
Petite leçon de géographique. La Paz est située sur l’Altiplano bolivien, une grande étendue presque plate à 4000 mètres d’altitude. Mais en fait la ville s’est développée dans un immense canyon creusé dans l’Altiplano. Les riches vivent donc au fond du canyon (3000 mètres d’altitude) là où il fait le moins froid et où il y a moins de vent. Et plus on est pauvre, plus on vit en altitude. A La Paz vivent un gros million de personnes, et petit à petit sur l’Altiplano bordant le canyon une ville s’est créée, El Alto (presque un million d’habitants) où arrivent tous ceux qui viennent chercher une vie meilleure à la ville.
Et pour circuler dans cette drôle de capitale faite de pentes et de côtes, pas de tram ni de métro mais un réseau de téléphériques hallucinant.
Arrivés à El Alto nous nous épargnons 12 kilomètres de pédalage dans la circulation en embarquant avec nos montures dans les téléphériques. Un premier qui traverse une partie d’El Alto. Comme la ville est toute plate on la survole. C’est super impressionnant car de la haut on voit son immensité. C’est aussi chouette de découvrir la ville vu d’en haut et ici c’est pas comme à Brest, pas de vitre qui se teinte pour protéger l’intimité des gens.
Arrivé au bord du canyon on embarque dans un autre téléphérique qui plonge au cœur de la ville. Super impressionnant !
Des habitations partout même sur les flancs les plus pentus, et nous qui volons à travers la ville.
Aucun regret d’être venus ici. Pas de doute cette ville vaut le détour tellement elle est spéciale.


UNA CASA PAS SI BIEN QUE CELA

A La Paz il y a un lieu connu de tous les cyclistes depuis quelques années : la casa de ciclistas. Cristian, un amoureux du vélo, a ouvert une partie de sa maison aux cyclistes de passage. Contre une modeste participation on y trouve un endroit où poser son matelas, une cuisine, un salon et d’autres voyageurs à vélo avec qui échanger. Sur la route, nous avons eu des échos très mitigés sur le lieu et sur son propriétaire, et nous hésitons à y aller. Mais on se dit que c’est à voir. On y est accueilli par Sofia, une cycliste déjà rencontrée à Juliaca chez Geovanni, et son ami Ersine. Effectivement c’est un repère de cyclistes, et les murs sont recouverts de petits mots laissés par chacun. On est super contents lorsque l’on voit la trace laissé par nos amis Gema et Jean-François, ainsi que l’autocollant des pieds devant de Fred et Aurélie Ophélie. L’endroit pourrait être sympa, mais il n’est pas entretenu et sale, mais bon c’est pas cher et c’est l’occasion de faire des rencontres (on passe une très bonne soirée avec Sofia et Ersine). Mais quand en fin de soirée on rencontre enfin Cristian, le propriétaire des lieux, on n’accroche pas du tout avec lui. Son attitude nous insupporte tellement que l’on décide de déménager le lendemain. Certes un petit hôtel coûte deux fois plus cher (10€ ça reste correct), mais au moins on dort dans un lit, on a une douche chaude, une vraie connexion internet et pas de compte à lui rendre !


On ne voulait pas venir, mais on est bien contents d'être là !

Une fois installés dans notre nouveau chez nous, nous avons une mission principale : rattraper le retard pris sur notre blog ! Les mises à jour pour vous donner des nouvelles, leurs traductions en espagnol, alimenter les pages réservées à l’école Marie Curie et à la maison de retraite de Landerneau, et puis traiter les vidéos faites pour réaliser un petit montage sur le Pérou (au final Lolo n’aura pas vraiment le temps pour les vidéos)… Tout cela prend du temps.
Alors pour avoir aussi le temps de profiter de la ville nous nous accordons 4 jours sans vélo.
Nous sommes installés dans le quartier touristique de la ville. Autour de notre hôtel il y a plein de boutiques de souvenirs qui côtoient les stands du marché  aux sorcières. Dans ce drôle de marché on trouve toutes sortes de produits servant dans les rites magiques de la culture aymarane, (la plus grande communauté de Bolivie). On y trouve des herbes, des amulettes, des poudres « magiques », des crapauds séchés, des tortues  et des becs de toucan et surtout des fétus de lamas (que les indiens Aymaras enterrent sur leur terrain afin de se garantir la bonne fortune et la protection de la Pachamama) suspendus devants les échoppes. Il y a aussi les liseurs d’avenir qui trouvent leur inspiration dans les feuilles de coca.
Nous avons beaucoup marché dans cette ville vraiment très vivante et grouillante. Que de boutiques et de choses à acheter ! Les rues sont à thème : électroménager, téléphonie, déguisements, vélos, accessoires de foot, mercerie. A chaque fois une enfilade de boutiques vendant la même chose. Et plein plein de galeries commerciales.
Ici tout n’est que contraste : les vieilles pierres côtoient immeubles modernes et taudis, les 4×4 flambants neufs partagent la route avec de vieux bus qui peinent à démarrer dans les pentes raides. Et quelle circulation, ça bouchonne de partout : le plus rapide reste les jambes et le téléphérique.
Nous avons aussi découvert l’immense cimetière de la ville. Il ressemble à un colombarium chez nous, mais ce sont bien les cercueils qui sont empilés dans ces HLM de la mort.
Et puis nous avons arpenté un des plus grand marché d’Amérique du sud, celui de El Alto qui s’étend sur plus de 5 kilomètres et où l’on trouve de tout. Avis aux frustrés de la nouvelle formule de la Foire St-Mich. Venez vous consoler ici !